Témoignages

Contamination des cires de l’ADA AURA en 2017

Nous vous informions au mois de juillet 2017 de la présence de symptômes sur couvain dans les ruches gérées par l’ADA AURA dans le cadre du plan de sélection. La cire gaufrée utilisée dans le cadre de la gestion des colonies du plan de sélection provient du commerce et correspond à 3 lots différents. De la cire gaufrée de ces trois lots a été portée au laboratoire pour la recherche de 173 molécules (Chromatographie en Phase Gazeuse), et les résultats ont mis en évidence la présence de plusieurs molécules toxiques (notamment des insecticides) et pour partie interdites d’utilisation en Europe. Nous vous apportons dans l’article ci-dessous tous les détails relatifs à cette déconvenue.

Face à ces symptômes, pourquoi avons-nous conclu à une intoxication liée à la contamination des cires ?

Le type de symptômes n’est pas celui observé dans les cas d’intoxications liées à l’application d’un produit phytosanitaire en saison ni à une pathologie du couvain (Voir bilans annuels de 2012 à 2016 du réseau de surveillance des troubles et mortalités)

Leur répartition dans l’ensemble du cheptel, alors que les environnements sont différents entre les ruchers (localisation, ressources), tendent à exclure la possibilité d’une intoxication du couvain par l’application d’un larvicide

Les apiculteurs et apicultrices professionnel·les à proximité qui n’achètent pas de cire n’ont pas observé la présence de troubles sur couvain de façon chronique durant toute la saison sur leur cheptel,

Les symptômes ont été observés uniquement sur les cadres nouvellement étirés avec de la cire gaufrée achetée cette année. Le contrôle des pontes en nucléis ou sur cadre ancien a pourtant permis de valider la qualité des reines.

Notre conduite spécifique des ruches a amplifié les symptômes et leur observation

La conduite des ruches de production n’amène pas obligatoirement à manipuler les cadres autant que nous le faisons. En effet, étant donné notre activité de gestion du plan de gestion, nous avons une conduite des ruches bien spécifique : nous ouvrons les ruches fréquemment et introduisons un nombre très conséquent de cadres neufs dans chaque colonie. Ce sont ainsi 4 à 10 cadres de ces cires qui ont été introduits dans les colonies lors des opérations de création d’essaims et ont donc gravement affecté le développement du couvain

Suite à notre alerte, certains apiculteurs nous ont également fait part de la présence de couvain en mosaïque sur certains cadres insérés cette saison dans leurs colonies. Soulignons cependant que ce type d’intoxication peut passer inaperçu pour les raisons suivantes :

Les symptômes, visibles dès le printemps sur les nouveaux cadres introduits, s’estompent au fil des tours d’élevage. Aussi, ils peuvent être rapidement masqués, surtout lorsque le cadre neuf est introduit en rive.

La répartition des contaminants dans un lot de cire n’est pas homogène (voir restitution rencontre technique sur la cire en novembre 2016).

Devant cette situation, il ne nous paraissait pas envisageable de laisser les colonies hiverner sur ces cires contaminées sans en connaître les conséquences éventuelles. Ainsi à la mi-juillet, la décision a été prise de transvaser l’ensemble du cheptel sur des cires d’opercule achetées auprès d’apiculteurs. Les colonies contenant de 4 à 10 cadres de cires douteuses ont été transférées sur 1 cadre de provisions, 1 cadre de couvain ouvert et 1 à 2 gaufres selon la force des colonies. Près de 400 cadres de l’année ont été ainsi détruits suite au transvasement. Cette opération constitue une véritable prise de risque sans recul sur les impacts de ce traitement sévère.

Ces colonies ont ensuite été transhumées sur un site propice aux rentrées de nectar et de pollen afin qu’elles puissent bâtir les gaufres et reconstituer une population optimale pour leur mise en hivernage. Les rotations/introductions de cadres, le nourrissement, les visites de colonies à un moment où les miellées d’été se terminent sont des manipulations risquées pour le cheptel du plan de sélection.

Les reines fécondées introduites dans les essaims sont issues du plan de sélection géré par l’ADA AURA. Les contrôles des pontes ont été réalisés en nucléis et n’ont pas fait apparaître de dysfonctionnements particuliers quelle que soit la période d’introduction de ces reines.

De plus, lors d’une visite nous avons observé un cadre de cire douteuse nouvellement étiré sur lequel la ponte était homogène. Lors du contrôle la semaine suivante, ce cadre laissait apparaître un couvain en mosaïque.

Etat des lieux de la filière cire et traçabilité des cires – Journée cire 2016 

Compte-rendu journée technique 2016

La cire gaufrée, fraudes et adultération : une enquête des services de l’Etat – Journée cire 2018

Compte-rendu journée technique 2018