Ce que butinent les abeilles

En automne, les floraisons de la renouée et du lierre sont attendues 

 

 

En octobre, il ne reste plus beaucoup de fleurs à butiner pour achever de remplir le corps de ruche… si ce n’est la renouée du Japon et le lierre qui constituent les dernières ressources importantes avant l’hiver. Afin de survivre jusqu’au printemps, les colonies stockent du miel dans le corps de ruche que l’apiculteur·rice ne récolte pas car il va constituer leur unique source de nourriture pour les mois à venir. Le poids de la colonie est un bon critère pour s’assurer que la colonie est prête pour l’hivernage. Si ce n’est pas le cas, l’apiculteur ou l’apicultrice peut intervenir et compléter les réserves en automne ou plus tard en hiver.

 

Dans la ruche l’eau sert à de multiples fins : indispensables aux individus adultes et immatures, elle permet aussi aux abeilles de climatiser le nid pendant les fortes chaleurs. Comme elle n’est pratiquement pas stockée dans la ruche, elle doit être apportée de l’extérieur en fonction des besoins. Afin de compléter les apports en sels minéraux, les abeilles préfèrent les eaux croupies, les flaques formées par les vaches et teintées de purins, les eaux de piscine… De plus, les porteuses d’eau sont fidèles aux lieux d’approvisionnement. C’est pourquoi quand la ressource vient à manquer autour des emplacements, les apiculteur·rices installent des systèmes d’abreuvoir notamment quand des piscines sont proches des ruchers.

Système d’abreuvoir pour fournir de l’eau aux abeilles

La floraison de la lavande : une miellée phare en Auvergne-Rhône-Alpes

Cette plante se distingue par la disponibilité importante en nectar et la quasi-absence de pollen, ce qui ralentit voire arrête la ponte de la reine. Ainsi, à la fin de cette miellée aux environs de début août, les colonies ne contiennent presque plus de couvain (œufs, larves, nymphes) et ont stocké une quantité importante de miel dans le corps de ruche en prévision de l’hiver. Le quart Sud-Est de la France est le principal bassin de production de lavande et lavandin avec près de 25 620 ha.

Depuis une vingtaine d’années, les apiculteurs font état d’une baisse de performance des colonies lors de la miellée de lavande. Initié en 2008, l’observation de ruchers sur la miellée de lavande (INRA-ADAPI) permet une accumulation de données conséquentes et l’apport de nouvelles connaissances pour les apiculteur·rices et la recherche sur les facteurs régissant la production de miel.

La méthode expérimentale de l’observatoire a montré que le nombre de cellules occupées par du couvain fermé et l’infestation en varroas sont des paramètres essentiels pour la production lors de cette miellée.

Le miel de lavande représente environ 7 % de la production nationale de miel avec un rendement de 8,6 kg /colonie (Bilan de campagne miel 2018, FranceAgriMer). Ce miel, très réputé auprès des consommateurs et consommatrices, fait partie des dernières productions de la saison pour les apiculteur·rices de la région et constitue un objectif important pour nombre d’entre eux.

Suivez la miellée de lavande en direct : balance ADAPI

 

En AURA, la miellée de châtaignier qui a lieu à partir de juin est une étape importante pour un grand nombre d’apiculteurs et apicultrices. D’une part, cet arbre très attractif pour les abeilles a une floraison abondante entre mi-juin et mi- juillet, et produit de grandes quantités de pollen et de nectar. Il permet donc aux colonies de bien se développer en plus d’assurer une récolte de miel et de pollen si les conditions météorologiques le permettent. D’autre part, sa forte présence dans la région rend plus facile la recherche d’emplacement pour les ruches et sa floraison tardive permet d’éviter les gelées compromettant les récoltes comme c’est le cas pour l’acacia.

Le châtaignier est le champion toute catégorie de la production de pollen, à tel point que l’on retrouve de grandes quantités de pollen de châtaignier dans des miels qui ne sont pas issus du châtaignier.  Par exemple, des   analyses   polliniques ont montré que du miel issu à 100% de lavandin peut contenir plus de 80% de pollen de châtaignier. Il n’y a donc pas toujours de corrélation directe entre les analyses polliniques et l’origine du nectar.

La miellée de châtaignier

L’alimentation de l’abeille

Butineuse de pollen de retour à la ruche

 

Le nectar butiné par les abeilles sera transformé en miel et fournira l’énergie nécessaire à leur métabolisme. Le pollen, principale source de protéine, est indispensable à l’abeille adulte et au développement des larves. Les besoins d’une colonie sont estimés entre 20 kg et 40 kg de pollen et 80 kg de nectar par an. Les pollens des différentes espèces végétales ne présentent pas la même teneur en protéines. Il est donc conseillé de placer les ruches dans des environnements possédant une importante diversité florale afin de garantir une disponibilité en qualité et quantité de façon continue sur la saison et idéalement avec des espèces à fortes valeurs nutritionnelles.

En avril-mai, les colonies ayant bénéficié des nombreuses ressources du début de saison sont populeuses. Elles sont prêtes pour les miellées à venir dont l’acacia très présent en Auvergne-Rhône-Alpes, l’aubépine ou encore la bourdaine dans certains secteurs comme le Cantal.

La disponibilité en ressources autour des ruchers est un des facteurs de production que l’exploitant apicole doit ajuster en permanence . Par exemple autour de ses emplacements de production au printemps, il doit trouver un compromis entre le bénéfice d’une ressource cultivée, abondante, précoce, et accessible pour les colonies et le risque de les exposer à des pesticides ou au contraire ; entre le bénéfice d’un milieu naturel, peu exposé aux produits phytosanitaires et le risque de les soumettre à des conditions météorologiques peu favorables au butinage.

Dans le cadre d’un projet d’expérimentation (le projet BeeTRIP), nous avons pu suivre différents indicateurs sur 3 ruchers situés dans 3 types d’environnements fréquentés par les apiculteur·rices professionnel·les de la région au printemps : grandes cultures, moyenne montagne, arboriculture.

Les trois années de suivi ont permis de montrer entre autres qu’un environnement de moyenne montagne au printemps présente une diversité de pollen favorable au développement des colonies et une très faible présence de pesticides contrairement aux environnements grandes cultures et arboriculture. Cependant, les conditions météo moins clémentes ne permettent pas un développement important des colonies et une production de miel comme c’est le cas dans un environnement de grandes cultures à cette époque (floraison du colza).

Les ressources autour du rucher

Le projet BeeTRIP

Le Projet BeeTRIP : Environnements de printemps et transhumance